Émission en cours

Comme ça on jazz

08:00 09:00


Série d’articles sur la forêt dans le Pontiac : Quelle forme pourrait prendre la foresterie dans la MRC Pontiac ?

Série d’articles sur la forêt dans le Pontiac : Quelle forme pourrait prendre la foresterie dans la MRC Pontiac ?

29 janvier 2024 à 2:52

Mise à jour le 30 janvier 2024 à 11:24

Dans notre démarche journalistique afin de connaître la réelle situation de la foresterie dans le Pontiac, CHIP 101,9 à débuter en tentant de répondre à la question : y a-t-il un avenir en foresterie dans la MRC Pontiac ? À la lumière des premières entrevues et reportages, il semble clair que le potentiel est toujours présent et qu’il y a toujours de l’activité en forêt sur le territoire, mais qui diffère de la grande époque de Smurfit Stone. Dans cet article, nous allons maintenant tenter de savoir maintenant quelle forme pourrait prendre ce portrait des activités économiques en foresterie.

Dans les premiers reportages publiés, il est clair que des activités forestières dans le Pontiac sont toujours présentes, mais contrairement à la situation d’il y a 20 ans, il n’existe plus d’entreprises industrielles comme la Smurffit Stone, qui étaient le plus grand employeur de la région. Avant de s’attarder au potentiel des grands projets industriels, comme l’espérance de la préfète de la MRC Pontiac, de voir le site de Jovalco être relancé, malgré le déménagement d’équipement, ou encore de voir un promoteur relancé les possibilités au site de Davidson, depuis que le porte-parole se dit prêt à vendre, CHIP 101,9 s’est intéressé aux producteurs de bois en forêt privée. Selon la théorie de Martin Boucher du Groupement Forestier du Pontiac, « il faut réapprendre à marcher avant de courir. » Ce qui, dans le vocabulaire de Martin Boucher, on peut traduire par : « Avant de penser d’avoir des usines employant 100 ou même 50, 40, 30 personnes, il faut se rendre crédible, avoir un juste portrait du territoire, avoir des producteurs actifs et bien organisés, élaborer un plan d’affaires cohérent et basé sur les priorités gouvernementales, démontrer le sérieux des démarches auprès du gouvernement et finalement, selon Martin Boucher, on serait mieux placé pour relancer des projets à grande échelle », dit cet ingénieur forestier, qui en exprimant cette vision, reçoit l’appui du directeur général de l’Agence des forêts privées de l’Outaouais, Patrick James Crocker. Dans cette production de série d’articles, nous n’en sommes pas encore aux solutions ni aux projets potentiels intéressants, mais bien à connaître quel format la foresterie pourrait prendre dans le Pontiac.

Toujours selon la vision des ingénieurs forestiers liés à cette Agence, pour eux, avant de penser d’avoir accès aux fameuses garanties d’approvisionnement (GA), dont l’un des promoteurs du site de Davidson Bruno St-Cyr a insisté et réitéré qu’il s’agissait de la clé pour redémarrer le site de la scierie à Davidson, fermé depuis plus d’une décennie, il faut commencer ailleurs. Martin Boucher est d’ailleurs clair à cet effet : « pour une usine qui n’ai plus en fonction et qui a perdu ses GA, la première chose qu’on va demander, c’est comment tu collabores avec ton milieu », affirme Martin Boucher, qui reçoit aussi sur cette déclaration, l’approbation de ses collègues ingénieurs forestiers. « La base à mon avis, c’est d’avoir un inventaire clair de ce qu’il y a sur le terrain », ajoute Patrick Crocker.

L’inventaire

Lors d’une rencontre qui a eu lieu, quelques semaines à la suite de l’élection de Jane Toller à la préfecture du Pontiac, une rencontre pour tenter de mobiliser les intervenants de l’industrie forestière dans le Pontiac. Un des objectifs de cette rencontre était de créer un registre des producteurs de bois privés, des intervenants du domaine forestier, des travailleurs dans le domaine et des équipements disponibles. « Ça prend encore ça à mon avis », réitère Martin Boucher. CHIP 101,9 à donc récolter quelques statistiques, d’abord concernant les propriétaires de forêts privées qui possèdent des plans d’aménagement.

Statistique du nombre de producteurs en forêt privés dans le Pontiac
Producteurs Superficie forestière (hectare)
MUNICIPALITÉS 2022 2023 2022 2023
Total ville 84005 – Bristol 16 25 823,57
1239,87
Total ville 84015 – Clarendon 25 30  2 152,16 2489,77
Total ville 84035 – L’Île-du-Grand-Calumet 7 8 295,87 346,70
Total ville 84040 – Litchfield 13 15 1 078,92 1 285,92
Total ville 84045 – Thorne 11 13 1 082,25 1 177,05
Total ville 84050 – Alleyn-et-Cawood 13 14 2 088,46 1 684,01
Total ville 84055 – Otter Lake 14 23 1 039,37 1 815,10
Total ville 84060 – Fort-Coulonge 0 1 0,00 5,9
Total ville 84065 – Mansfield-et-Pontefract 17 25 1 324,33 1663,23
Total ville 84070 – Waltham 2 3 489,30 591,17
Total ville 84082 – L’Isle-aux-Allumettes 16 16 843,50 893
Total ville 84090 – Chichester 7 10 1 074,88 1 279,68
Total ville 84095 – Sheenboro 7 7  1 036,70 1 058,35
Grand total 148 190  13 329,31 15 529,75
Écarts 2022-2023 28% 17%

Les statistiques peuvent jeter un éclairage intéressant sur la situation actuelle. D’abord, le nombre de producteurs de forêts privées avec des plans d’aménagements est à la hausse et le Groupement Forestier du Pontiac s’est donné comme objectif d’augmenter cette donnée pour la prochaine année, ce qui semble déjà amorcé. « On a eu depuis décembre, 11 nouvelles demandes, signé quatre nouveaux contrats », a indiqué Martin Boucher. Dans cet inventaire, on peut aussi facilement analyser les zones qui pourraient voir un plus grand nombre de producteurs. Bryson, Campbell’s Bay, Fort-Coulonge, Portage-du-Fort et Shawville ne seront jamais des joueurs importants, leur territoire forestier est restreint. Cependant, la situation à Mansfield-et-Pontefract, Thorne, Chichester et Sheenboro, pourrait bien devenir des zones plus importantes de producteurs de forêts privées et de travailleurs de la forêt.

L’appui du politique ?

Patrick James Crocker a indiqué que l’Agence souhaitait fortement sensibiliser les politiciens municipaux pour faire une différence dans le développement des activités économiques dans le domaine de la foresterie. D’une part, comme le Groupe Forestier du Pontiac, l’Agence espère que les municipalités vont offrir le programme d’Atténuation de la taxation des immeubles forestiers, qui pourrait encourager les propriétaires de forêts privées, de se doter d’un plan d’aménagement auprès du Groupement Frestier du Pontiac et venir agrandir les rangs des producteurs de bois dans le Pontiac.

D’ailleurs, Martin Boucher espère que les politiciens n’y voient pas seulement une perte de revenu, mais surtout un moyen de développer leur économie. « C’est en ayant plus de joueurs, plus d’activités sur le terrain, qu’on va bâtir des projets importants. Si les élus locaux veulent faire quelque chose et vite, ce programme fait partie des solutions », souligne Martin Boucher, qui espère voir les élus municipaux s’intéresser davantage à la forêt. « Pour la possibilité forestière, on a un potentiel de plus de 500 000 m³ de récolte annuelle à rendement soutenu. On ne récolterait que la croissance de la forêt sans entamer le capital », indique Patrick James Crocker. Pour Martin Boucher et Patrick James Crocker, l’activité forestière dans le Pontiac pourrait prendre une forme plus active chez ceux qu’on peut appeler les indépendants, afin de voir des projets apparaître grâce à leur travail. L’Agence axe d’ailleurs ses opérations en vue de voir cette vision.

Voici les principales actions qui seront déployées par l’Agence en 2023-2024 :

• Sensibiliser le milieu municipal sur l’importance de l’aménagement forestier ;
• Promouvoir l’aménagement forestier et la récolte de bois auprès des propriétaires forestiers ;
• Soutenir le transfert de connaissances auprès des producteurs forestiers ;
• Optimiser la récolte et la livraison des bois dans le cadre des programmes de l’Agence ;
• Assurer un suivi et une protection adéquate des investissements publics antérieurs ;
• Développer des outils de recrutement de nouveaux propriétaires
• Augmenter la résilience de nos peuplements forestiers en optant pour une diversification des travaux et essences à mettre en valeur.

« Oui au projet d’envergure, mais avant d’y penser, les politiciens doivent s’occuper de leurs PME qui vont nous permettre une relance efficace de l’industrie forestière », pense Martin Boucher, qui a connu la belle époque de ces grandes entreprises dans le Pontiac.

La discussion avec le directeur général de l’Agence des forêts privées de l’Outaouais, Patrick James Crocker, sur le plan d’action 2023-2024, est disponible ici.