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Relance de l’industrie forestière : quel format possible pour le Pontiac ?

Relance de l’industrie forestière : quel format possible pour le Pontiac ?

7 février 2024 à 1:36

Mise à jour le 8 février 2024 à 11:47

Dans sa série d’articles sur le domaine forestier dans le Pontiac, CHIP 101,9, en collaboration avec le Journal du Pontiac, a effectué un travail journalistique pour savoir d’abord s’il y a toujours de l’avenir pour la foresterie dans le Pontiac. Dans les réponses qui ont été fournies et après des visites en forêt, il est clair qu’il y a toujours de l’activité forestière par des producteurs locaux, il existe un potentiel économique en forêt selon les différents intervenants, cependant, la réalité d’avoir des industries forestières, semble plus difficile à atteindre.

La Commonwealth Plywood est celle qui a réussi à relancer une usine. Pourquoi ce « moulin » et pas encore les autres ? L’emplacement peut avoir joué un rôle, mais c’est surtout dans le positionnement stratégique que Martin Boucher voit une différence. « La direction de l’entreprise a pris le temps d’analyser le marché, ils ont attendu le bon moment, fait leur devoir avant de relancer et quand c’était le temps, ils étaient prêts », croit Martin Boucher. La préfète de la MRC Pontiac, Jane Toller, a répété lors de la Soirée du bûcheron, que de bonnes nouvelles s’en venaient, en ayant en tête, le site de Jovalco et celui de Davidson. Rien n’est toutefois confirmé et la demande en bois, n’est plus la même que celle durant la pandémie. Selon les statistiques et selon les aveux mêmes de plusieurs propriétaires, la situation actuelle n’est pas facile pour les scieries. D’ailleurs, l’entrepreneur qui a fait partie de la transaction pour l’acquisition du site de Jovalco et de l’équipement qui a été déplacé, Jean-François Champoux, soulignait les difficultés de son domaine d’industrie récemment à Radio-Canada. « L’ensemble de l’industrie forestière est à perte depuis le début 2023 », a déclaré M. Champoux dans cet article publié à Radio-Canada et grâce aux informations recueillies par la journaliste Élyse Allard. Les perspectives de 2024 semblent tout de même meilleures, mais comme disait l’ancien entraineur des Canadiens de Montréal Claude Ruel « il n’y en aura pas de facile ». « Il ne faut jamais oublier que le nerf de la guerre, ce sont les coûts d’approvisionnement. Les coûts actuels de transport et la demande ont une grande incidence pour avoir ce genre d’usine. En ce moment, ce n’est pas l’idéal, mais ça pourrait changer dans les prochains mois », explique Martin Boucher.

Toujours dans les perspectives industrielles, le site de Davidson a fait beaucoup jaser dans les dernières années. Dans ce dossier, les promoteurs avaient indiqué chercher l’appui des élus locaux. Un de ceux qui ont appuyé la relance de Davidson, l’ancien maire et ancien préfet de la MRC Pontiac, Hector Soucie, a reproché aux élus leur silence et leur immobilisme dans le dossier de la relance de Davidson. Personne n’a voulu donner la réponse précise à M. Soucie. La préfète de la MRC Pontiac, Jane Toller, n’a que répété : « il faut revoir le plan d’affaires de la relance de Davidson ». Ce qui n’a pas satisfait M. Soucie, mais ce n’est lui, ni Mme Toller, ni les élus locaux de la MRC Pontiac qui prennent les décisions financières quand vient le temps de soutenir une relance de plusieurs millions de dollars. À savoir pourquoi les promoteurs du site de Davidson n’ont pas eu les appuis financiers et politiques espérés, on ne le saura probablement jamais, puisque c’est le genre d’information qui demeure confidentielle. On sait qu’il y a eu un rapport (inventaire) de la part du Ministère de l’Économie et de l’innovation du Québec, mais pour la suite des choses, le public demeure en attente.

La maire de Mansfield-et-Pontefract, Sandra Armstrong, demeure optimiste, plus que jamais d’ailleurs. « Davidson est un site industriel unique. Il reste à voir quoi y mettre, dans quel ordre et de définir les partenaires nécessaires », a indiqué Mme Armstrong, qui siège sur le Conseil municipal de Mansfield depuis 2017 et qui a vu les différentes discussions à cet effet depuis ses débuts en politique. Les activités potentielles sur le site de Davidson pourraient être une excellente nouvelle, cependant, Martin Boucher croit qu’il faut se réintéresser aussi à la forêt et démontrer la nécessité de trouver des travailleurs en forêt.

« Ça été un dur choc, puis je pense que pour la région, on s’en ait pas relevé, mais il faut toujours garder espoir puis moi je suis un gars de la région, je suis un ingénieur forestier, je crois à la forêt, on a un beau potentiel, on a de belles forêts comme tu as vu, on a un potentiel énorme. Mais oui, après un accident, après s’être fait casser les jambes, il faut réapprendre à marcher. Ce que ça veut dire réapprendre à marcher, c’est réintéresser les gens à croire à la forêt, réintéresser les propriétaires privés à participer, à mettre du bois en marché, à faire de l’aménagement. C’est aussi intéresser les gens à venir travailler en forêt, parce qu’on en a plus beaucoup de travailleurs originaires de la région, les gens ne veulent plus travailler en forêt. Ils disent que la forêt ce n’est plus bon, ça ne vaut plus la peine de travailler en forêt, mais c’est tout le contraire. Ça fait que c’est pour ça que mon expression de réapprendre d’abord à marcher avant de construire une grosse usine puis mettre des centaines de millions de dollars. »

-Martin Boucher, le directeur général du Groupement forestier du Pontiac

Martin Boucher qui a aussi indiqué que plusieurs ouvriers qui travaillent en forêt viennent parfois de l’extérieur de la région. « Il y a encore beaucoup de travail à faire pour démontrer qu’il y a encore des jobs dans le domaine », précise Martin Boucher. Est-ce qu’une usine, située davantage dans le centre du Pontiac (comme Davidson ou Jovalco) plus important, pourrait s’ajouter aux producteurs de bois indépendants ? Personne n’a nécessairement la réponse à cette question. « Oui, je suis positive et optimiste », a réitéré la maire Armstrong.

L’entrevue complète avec le directeur général du Groupement forestier du Pontiac, Martin Boucher, est disponible ici.