Plan pour préserver l’information au Québec par le Parti Québécois : « Des pistes intéressantes, mais ça prend du concret et vite » – François Carrier

Plan pour préserver l’information au Québec par le Parti Québécois : « Des pistes intéressantes, mais ça prend du concret et vite » – François Carrier

19 janvier 2024 à 11:49

Le Parti Québécois a diffusé un plan à court terme au gouvernement, décliné en sept mesures réalisables, pour dénouer la crise que traversent les médias d’information du Québec, en particulier dans les régions.

« L’idée aujourd’hui, c’est de rattraper plusieurs années d’inaction dans le dossier fondamental de l’information et du journalisme. La crise que ces entreprises vivent, en fait, tous les Québécois la vivent, puisque notre démocratie se fonde notamment sur des médias et du journalisme en santé et capables de couvrir ce qui se passe chez nous. On a le devoir d’agir maintenant avant qu’il soit trop tard pour sauver l’information locale. Nous savons que tous les partis sont d’accord, mais personne n’avait proposé un véritable plan jusqu’à présent », déclare Paul St-Pierre Plamondon. Le plan du Parti Québécois se décline en sept actions à mettre en place. Certaines de ses actions sont d’ailleurs défendues depuis plusieurs années, par l’Association des radiodiffuseurs communautaires du Québec et du président actuel de cet organisme et directeur de CHIP 101,9, François Carrier. Selon la formation indépendantiste, l’objectif est de répondre aux besoins immédiats des médias.

Dans les plus brefs délais, le gouvernement doit :

  1. Mettre en place une politique officielle du gouvernement du Québec pour mettre fin aux dépenses publicitaires du gouvernement, de ses organismes et des sociétés d’État auprès de toute entreprise qui refuse de convenir ou de reconduire une entente de redistribution avec les médias ;
  2. Appliquer le décret gouvernemental de 1994 incitant les organismes gouvernementaux à dépenser 4 % de leur budget publicitaire au sein des médias communautaires et adopter une politique d’achat publicitaire dans les médias locaux ;
  3. Débloquer des fonds pour soutenir la transition de la distribution des hebdos touchés par la fin du Publisac ;
  4. Élargir le crédit d’impôt pour soutien à la presse d’information écrite aux dépenses de journalisme des entreprises médiatiques, radio et télévisuelles ;
  5. Mettre en place un fonds pour faciliter la conversion des modèles d’affaires et technologiques des entreprises de presse ;
  6. Déposer un projet de loi jetant les bases d’un Conseil de la radiodiffusion et télécommunication québécois ;
  7. Par ailleurs, le Parti Québécois est d’avis que le gouvernement doit évaluer la faisabilité de modifier le régime fiscal afin ajouter des incitatifs aux dépenses publicitaires faites auprès de partenaires québécois et limiter la déductibilité d’impôt des publicités achetées par les entreprises lorsque les dépenses ne sont pas faites auprès de partenaires québécois ;

Réagissant à vif à ce communiqué du Parti Québécois, François Carrier a indiqué qu’il s’agit d’un pas dans la bonne direction, mais que tout reste à faire et que la question du journalisme au Québec, devrait faire partie d’un consensus des partis d’opposition. « Je suis d’accord avec tout ce que le Parti Québécois a indiqué concernant les investissements publicitaires. Cependant, on ne devrait plus à 4 % d’investissement publicitaire, mais à 8 % dans les médias communautaires. Sauf qu’il y a effectivement des solutions pratiques et rapides à mettre en place et je ne vois pas comment on ne pourrait pas trouver un consensus. Lorsqu’on parle d’argent publicitaire, on ne parle même pas de nouveaux investissements, mais d’investissement qui existe déjà », explique François Carrier.

Le président de l’ARCQ a dit souhaiter voir les partis politiques travailler ensemble de manière pragmatique et leur demande de trouver des solutions communes. Il croit qu’il y a aussi beaucoup à faire à Ottawa et pense que des pressions doivent être soutenues sur le gouvernement de Justin Trudeau, qu’il accuse de ne pas toujours savoir ce qu’il fait. « C’est un parti qui a une vision plus large, cependant actuellement, la province est toujours canadienne. Je pense donc qu’avant même de parler d’un nouveau CRTC, il faut défendre et promouvoir l’écosystème médiatique québécois à Ottawa. Dans quelques jours seulement, le gouvernement fédéral va mettre fin au programme Initiative de journalisme local (IJL), privant des radios comme ici dans le Pontiac, ou encore Fermont et d’autres médias de journaliste. L’IJL est un programme du gouvernement Trudeau et faisait partie de la plateforme de 2021 ! Ils ont décidé de remplacer le tout par des moyens qui s’adressent très peu à la réalité québécoise et que je peux librement qualifier d’inutiles. Là-dessus aussi, on devrait mettre le côté partisan politique de côté et miser sur un consensus », a affirmé François Carrier. Celui-ci avait d’ailleurs souligné certaines de ses critiques récemment à la députée de Pontiac, Sophie Chatel, dans une discussion diffusée à CHIP 101,9. « En ce moment, l’argent qui sera disponible semble oublier le rôle des radios et télé communautaires québécoises et même canadiennes. Le renouvellement d’un programme de la sorte est une aubaine et en plus, ça permettrait au moins au gouvernement Trudeau de tenir sa promesse », a indiqué François Carrier avec une pointe de frustration.

Fraçois Carrier a également insisté sur la transformation des radios communautaires au Québec, qui sont aussi des médias d’information écrits, grâce au web. « En près de 12 ans à la direction de CHIP, j’ai vu cette radio communautaire et d’autres aussi au Québec, devenir les principaux créateurs de contenu d’information et de journalisme dans leur territoire respectif. Je pense qu’il serait temps que les radios, qui produisent autant d’articles écrits que certains imprimés, obtiennent cette reconnaissance de média écrit sur le web, pour offrir un meilleur service d’information aux citoyens du Québec. Sur le plan de la démocratie, c’est essentiel. J’ai hâte de voir la réaction du ministre Lacombe et ce qu’il prépare, mais tous les médias sont dans l’urgence, incluant les communautaires », a déclaré François Carrier, lors de l’émission Bonjour Pontiac ce vendredi 19 janvier.

« Il faut impérativement offrir à court terme aux médias une chance de s’adapter, puis faire des changements de fond dans le modèle à moyen terme. C’est la raison pour laquelle nous voulons que le gouvernement donne suite à notre demande répétée de créer un Conseil de la radiodiffusion et télécommunication québécois, entre autres. Il faut que le Québec s’approprie le pouvoir de déterminer ses propres orientations en la matière, faute de quoi, nous sommes condamnés à l’intransigeance et la rigidité du CRTC », affirme de son côté Paul St-Pierre Plamondon.

Enfin, le chef péquiste conclut en réaffirmant que le Parti Québécois maintient sa décision de ne pas faire de publicité sur Meta et appelle de nouveau toutes les formations politiques à faire preuve de solidarité avec les médias québécois.