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Comparer l’écart de richesse entre le Québec et l’Ontario sur le PIB : contre-productif et erroné selon une étude de l’IRIS

Comparer l’écart de richesse entre le Québec et l’Ontario sur le PIB : contre-productif et erroné selon une étude de l’IRIS

8 mars 2024 à 10:00

Mise à jour le 9 mars 2024 à 8:32

Plusieurs gouvernements au Québec ont dit vouloir combler l’écart de richesse entre la belle province et l’Ontario, ce qui serait contre-productif selon une étude publiée par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS). « En faisant ce choix, le gouvernement Legault risque de reproduire des erreurs du passé en plus de retarder la mise en place d’une politique industrielle adaptée aux défis du 21e siècle. Le PIB est un indicateur imparfait et sa croissance ne peut être une fin en soi », estime un des co-auteurs de l’étude, Guillaume Hébert.

Les auteurs de l’étude rappellent qu’en novembre dernier, le ministre des Finances a réitéré son objectif d’éliminer, d’ici 2036, l’écart de richesse entre le Québec et l’Ontario, estimés à 14 % du PIB par habitant(e). À structure industrielle égale, le PIB par heure travaillée a pourtant augmenté plus rapidement entre 1997 et 2020 au Québec et y sera désormais plus élevé qu’en Ontario.

« Et nous on a creuser un peu ça, on c’est dit, c’est quoi vraiment ces 14 % d’écart de productivité. Et là, on a fait le travail, on est allée regarder dans chacune des industries du Québec et de l’Ontario, alors pour chacune d’entre elles, que ce soit le commerce, les ressources naturelles, les stations publiques, on a regardé chacun des invités, on a comparé la productivité respective des Québécois et les Ontariens dans chacun de ses invités, et en fin de compte, ce qu’on a fait, c’est une simulation. On c’est dit, si au Québec, avec productif moins productive, le problème, c’est la structure industrielle de l’économie et ce n’est pas du tout la même chose. Ce n’est pas du tout le même problème. On dit que le problème c’est comment est configuré notre économie. Ça ne va pas nous mener à faire la même chose que si on dit laisser les gens qui ont besoin de travailler plus fort qui ont besoin d’être mieux former, etc. »

-Guillaume Hébert


Les chercheurs de cette étude affirment même que le niveau de vie est légèrement plus élevé au Québec qu’en Ontario, en prenant en compte certains aspects. « En ajustant les revenus au niveau des prix, on constate que le pouvoir d’achat du Québec se situe tout juste au-dessus de celui de l’Ontario (+ 0,6 %) en 2022. Il n’y avait donc pas d’écart significatif entre les deux provinces l’an dernier sur le plan du niveau de vie. En Ontario, les riches sont plus riches alors que les pauvres sont plus pauvres et ont davantage de difficulté à combler leurs besoins de base. On ne voudrait pas que le Québec rattrape le niveau d’inégalités de l’Ontario », a déclaré Guillaume Hébert.

Selon Guillaume Hébert, l’objectif n’est pas de dire que tout va bien au Québec, mais plutôt de changer cette comparaison entre les deux provinces et de prendre tous les aspects qui peuvent influencer sur la richesse et la qualité de vie de la population.

« Oui, bien vous avez raison de poser la question, parce que notre fiche s’attend à dire uniquement bien voici, tout va bien au Québec, on n’a pas besoin de rien faire. Évidemment, ce n’est pas notre propos. Notre propos c’est de dire attention aux comparaisons sur des bases fallacieuses. On s’aperçoit que finalement, le niveau de richesse n’est peut être pas ce qu’il est, et même si à la limite on avait découvert que l’Ontario avait un niveau de richesse plus élevée, on pourrait ce demander, est-ce qu’il faut faire n’importe quoi pour faire augmenter notre chiffre de PIB. Ce n’est pas n’importe quoi qui va se traduire pour des bienfaits pour la population. Donc, qu’est-ce qu’il faut faire, peut-être la productivité peut tout à fait être un indicateur valable. Puis même oui, on peut le comparer avec d’autres collectivités, mais faut faire les comparaisons sur des bases qui sont comparables. »

-Guillaume Hébert

L’étude de l’IRIS est disponible ici. L’entrevue complète avec le co-auteur de l’étude, Guillaume Hébert, est disponible ici.