Regard approfondi de la présentation de la préfète concernant le projet de la valorisation des déchets (Energy from waste) provenant de Covanta
Regard approfondi de la présentation de la préfète concernant le projet de la valorisation des déchets (Energy from waste) provenant de Covanta
Certaines diapositives et informations utilisées par la directrice Jane Toller lors de présentations publiques sur « L’énergie issue des déchets » provenaient directement de la société Covanta, a appris CHIP 101,9. La préfète est le visage public du projet d’implantation d’un incinérateur de déchets dans le Pontiac depuis plusieurs années. Pendant cette période, elle a déclaré à plusieurs reprises que la technologie et l’entreprise qui exploiterait l’installation n’avaient pas encore été décidées, tout en présentant la société Covanta comme un « leader mondial » dans le secteur.
Covanta exploite de nombreuses installations dans le monde entier, dont le Durham York Energy Centre, près de Toronto, que Jane Toller a visité seule et aussi plus récemment en octobre 2022 avec plusieurs maires et responsables de la MRC. Bien que le projet n’en soit qu’à ses débuts et que le plan d’affaires n’ait pas encore été lancé, le rôle démesuré qu’une entreprise a joué dans le débat public soulève la question de savoir si le directeur défend une technologie ou une entreprise spécifique plutôt que d’autres. Cela soulève également des questions sur l’objectivité des données que les fonctionnaires reçoivent sur la proposition, notamment en ce qui concerne l’impact environnemental ou la viabilité économique.
Lors d’une des rencontres publiques du projet en juin, un participant a souligné que la présentation de Jane Toller ressemblait à un argumentaire de vente de la part de l’entreprise, et Jane Toller a même montré une courte vidéo réalisée par Covanta à la fin de la réunion. Selon les documents que CHIP 101,9 a obtenus de la MRC grâce à une demande d’Accès à l’information, les données utilisées dans la présentation proviennent d’un diaporama produit par Covanta.
À gauche, une diapositive d’une présentation créée par Covanta qui a été incluse dans la demande d’accès à l’information. À droite, le même chiffre a été utilisé lors de la présentation publique de Toller en juin, avec le logo Covanta supprimé. La présentation publique peut être trouvée ici, la présentation Covanta de la demande d’accès à l’information est disponible via le lien dans le paragraphe précédent (faites défiler vers le bas).
Diapositives également utilisées lors de la présentation 2020 aux officiels de l’Outaouais
La présentation publique de juin n’est pas la seule fois où la présentation de Covanta a été empruntée sans attribution. Plusieurs diapositives de la présentation Covanta ont été incluses dans une présentation 2020 sur l’énergie issue des déchets que Jane Toller a donnée à la Conférence des Préfets de l’Outaouais (CPO), un groupe composé des autres préfets de l’Outaouais, ainsi que du maire de Gatineau. La présentation de Covanta cite en grande partie les sources de ses données, notamment l’Agence américaine de protection de l’environnement, mais inclut également des informations provenant de l’entreprise elle-même.
À gauche, une diapositive d’une présentation Covanta. À droite, la même diapositive avec le logo de Covanta supprimé apparaît dans une présentation que Jane Toller a donnée aux dirigeants du CPO en 2020. Plusieurs autres diapositives et figures sont également copiées de la présentation de Covanta sans attribution.
Présentation créée par Jane Toller avec le personnel
En août, CHIP 101,9 a demander « tous les documents, courriels, mémos, etc., liés à la création de la présentation publique sur le projet d’énergie à partir de déchets qui a été présenté en juin ».
La Section 9 de la Loi à l’accès à l’information au Québec, précise que les notes préparatoires, les ébauches, les grandes lignes et autres documents de cette nature ne sont pas des documents publics et ne sont pas couverts par les demandes d’accès à l’information. La directrice générale Kim Lesage, agente d’accès à l’information de la MRC, a écrit que « certains des documents/communications écrites relatifs à votre demande contiennent, à notre avis, des informations couvertes ou protégées en vertu de l’article 9 ». CHIP 101,9 a la possibilité de demander une révision de la décision à la Commission d’accès à l’information. Jane Toller a expliqué qu’elle avait fait la présentation pour les réunions publiques avec l’aide du personnel de la MRC. Elle a indiqué que celui-ci avait évolué au fil des années, au fur et à mesure qu’elle présentait le plan à différents responsables partout en Outaouais. Concernant les estimations des tonnages pour qu’une installation soit économiquement viable, la quantité d’énergie produite et le coût estimé de l’installation, Jane Toller a déclaré qu’une grande partie de ces estimations provenaient d’un consultant qui a travaillé avec Covanta et d’autres sociétés.
Lorsqu’on lui a demandé si elle avait l’impression, en tant qu’agent public, de défendre une entreprise privée spécifique, en vantant sa technologie, en visitant ses installations et en utilisant son matériel promotionnel, elle a répondu que Covanta disposait d’une technologie éprouvée, contrairement à d’autres entreprises sur lesquelles elle avait étudié. Et c’est également l’installation opérationnelle la plus proche. Elle a également affirmé qu’elle veille à ce qu’il n’y ait « absolument jamais de conflit d’intérêts » dans sa vie quotidienne et a ajouté qu’elle souhaite les meilleures solutions pour le Pontiac.
Jane Toller a déjà vanté un engagement de 180 millions de dollars de la part d’investisseurs privés, mais n’en a nommé qu’un seul, Derek McGrimmon de Renfrew, qui, selon elle, avait engagé 50 millions de dollars. Derek McGrimmon possède plusieurs entreprises en Ontario et au Québec, dont McGrimmon Cartage, qui transporte des déchets et exploite la station de transfert de Clarendon. Lorsqu’on lui a demandé si Covanta faisait partie de ces investisseurs anonymes, elle n’a pas répondu, mais a ajouté que, « quelle que soit la technologie, il est d’usage qu’ils investissent environ 25 % du coût sous forme de capitaux propres ».
Un plan d’affaires en préparation
Lors d’une réunion spéciale en août, le conseil de la MRC a mis de côté 100 000 $ de son surplus pour un contrat à Deloitte afin de produire un plan d’affaires pour une installation. Jane Toller a expliqué après la réunion qu’ils avaient choisi Deloitte spécifiquement parce qu’ils avaient de l’expérience dans le secteur. Le Conseil a alloué un total de 120 000 $ au plan d’affaires, car tout projet de plus de 121 000 $ doit faire l’objet d’un appel d’offres public.