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Un vote divisé en faveur de la préfète

Un vote divisé en faveur de la préfète

26 novembre 2020 à 12:00

Mise à jour le 13 septembre 2022 à 3:50

Lors de la rencontre de mercredi dernier (25 novembre) à la MRC Pontiac, les maires se sont prononcés sur une résolution portant sur les sommes attribuées au consultant Pierre Vézina dans le cadre du projet du Centre de la valorisation de la biomasse (CVB).

Depuis déjà quelques mois, la préfète de la MRC Pontiac, Jane Toller, se positionnait de plus en plus comme une sceptique du projet, en particulier concernant les résultats du consultant. En opposition, certains élus s’étaient positionnés comme des défenseurs du projet et du consultant. Dans les dernières semaines, des élus ont confié que les maires de L’Isle-aux-Allumettes et Litchfield, qui ont toujours cru en ce projet, s’opposeraient aux conditions, eux qui ont tenu des rencontres récemment pour expliquer les démarches du consultant et convaincre une majorité de leurs confrères de poursuivre dans la même direction. La préfète ainsi que la mairesse d’Otter Lake, Kim Cartier-Villeneuve (aussi préfète suppléante) s’étaient, au fil des mois et des années, positionnées à ce que l’attribution du budget envers le consultant soit conditionnelle à certains résultats.

En résumé, la résolution posait deux conditions au consultant pour que la MRC Pontiac approuve le financement. D’une part, obtenir du financement du gouvernement fédéral ainsi qu’attirer une entreprise afin de débuter la mise en place du Centre de valorisation de la biomasse. Lors du débat qui a eu lieu en anglais uniquement, Jane Toller et Kim Cartier-Villeneuve ont exprimé leurs souhaits de voir des conditions visant des résultats de rendement pour le consultant.

« Une de mes inquiétudes, c’est que j’ai remarqué que depuis quelques années, quand vient le temps du budget pour voter sur les sommes allouées au projet, on nous fait la promesse que des bonnes nouvelles s’en viennent. En octobre 2018, en octobre 2019 et cette année ne fait pas exception. Chaque année, j’ai fait part de mes inquiétudes face à ce projet, mais pour la première fois, nous avons la chance de discuter de cette question en public. Pour la transparence et pour notre imputabilité face aux gens qu’on représente, c’est important qu’on se prononce publiquement » a affirmé la préfète Jane Toller.

L’opposition à ces conditions a été menée par le maire de L’Isle-aux-Allumettes, Winston Sunstrum, qui a pris la parole. « Je ne suis pas un expert en foresterie et je ne prétend pas l’être. Je prétend par contre voter pour le bien du Pontiac. J’ai suivi le dossier depuis le début. Je voudrais spécifier que le bio parc (CVB) n’est pas la même chose que Renmatix. CVB est une entreprise faisant partie d’un ensemble de partenaires. Il faut être patient dans ce genre de dossier » a tenté d’expliquer Winston Sunstrum.

Visiblement, les arguments apportés par le maire Sunstrum, davantage spécifiques et techniques, n’ont pas convaincu les élus qui souhaitaient voir les deux conditions acceptées. À tour de rôle, les maires se sont exprimés en faveur ou contre. Le maire de Campbell’s Bay, Maurice Beauregard, qui s’est opposé aux conditions, s’est montré nuancé. Maurice Beauregard a mentionné qu’il aurait souhaité pour sa part que les conditions puissent être différentes. « Je voulais que dans les conditions, on demande à ce que le consultant puisse travailler dans tous les domaines de l’industrie forestière du Pontiac pour qu’il puisse donner son expertise à travers tous les projets. Je ne suis pas d’accord avec les conditions mises en place, elles auraient dû être différentes » a déclaré Maurice Beauregard. C’est Jane Toller qui a tranché et qui a voté en faveur des conditions proposées. On demande donc à Pierre Vézina de démontrer qu’il puisse obtenir l’appui financier du gouvernement fédéral et qu’il soit en mesure d’attirer Renmatix avant d’aller de l’avant avec l’ajout de ce poste salarial dans le prochain budget.

Une majorité de maires votant en faveur des conditions ont voté de cette manière en indiquant qu’ils ne parlaient pas seulement en leur nom, mais au nom de leur conseil. Ça été d’ailleurs le cas du maire de Rapides-des-Joachims, Jim Gibson. « Je ne vois pas comment un projet comme ça devrait prendre huit ans et aller nulle part. Si ça ne fonctionne pas, comment on est supposé de justifier ça à nos contribuables? Je n’ai vu aucune réponse définitive qui assure que l’entreprise va venir dans le Pontiac et si oui, c’est quand que le projet va se concrétiser? Mon conseil ne va pas accepter de donner plus d’argent. Toute entreprise qui se respecte a un plan stratégique de trois ou quatre ans, je ne crois pas que ça en prenne huit à faire ça » a martelé Jim Gibson. Serge Newberry (Île-du-Grand-Calumet), Gilles Dionne (Mansfield), Lynne Cameron (Portage-du-Fort), Debbie Laporte (Fort-Coulonge), Karen Kelly (Thorne), David Rochon (Waltham) et Carl Mayer (Alleyn-et-Cawood) ont voté dans le même sens.

Du côté des opposants, les raisons étaient surtout dirigées vers les efforts de la MRC Pontiac depuis plusieurs années à relancer l’industrie forestière suite à la fermeture de la Smurfit Stone. En plus de la nuance apportée par Maurice Beauregard (Campbell’s Bay), les maires Brent Orr (Bristol), John Armstrong (Clarendon), Alain Gagnon (Bryson), Colleen Larivière (Litchfield), Doris Ranger (Sheenboro), Donald Gagnon (Chichester) et Sandra Murray (Shawville) ont joint leurs votes au point de vue de M. Sunstrum.

La suite des choses pour Fibre Pontiac?

La question se pose, que va-t-il arriver au projet CVB et à l’organisme Fibre Pontiac, pour lequel la MRC investit depuis 2013? Lors du point de presse après la rencontre des maires, la préfète a affirmé que la fin du budget alloué au consultant Pierre Vézina ne veut pas dire la fin de CVB. « Tout est possible. Il y a encore du temps pour le consultant d’arriver à des résultats. L’autre chose, c’est que contrairement à ce qui a été dit, je souhaite voir Renmatix ici, mais je veux qu’on fasse attention. Nous sommes redevables aux citoyens et passer une autre année à dépenser sans avoir de résultat, c’est à mon avis ne pas travailler pour les citoyens » a déclaré la préfète Jane Toller.

Rappelons que Fibre Pontiac est un organisme sans but lucratif qui a été mis sur pied par la MRC de Pontiac dans le but de relancer l’industrie forestière du Pontiac après la fermeture de la Smurfit Stone en 2008.

Un vote public rarement aussi divisé

Questionné sur la division du vote au sein de la table des maires, la préfète Jane Toller a mentionné qu’elle était extrêmement contente de la manière dont s’était passé le vote.
« Je suis tellement heureuse qu’on ait enfin pu discuter publiquement de nos positions. C’est l’argent des contribuables, ce n’est pas le genre de question qu’on peut évacuer de la place publique. Il faut le faire en toute transparence et imputabilité. J’ai apprécié que tout le monde ait pris la parole calmement. Même si la table est divisée, on va trouver le moyen de travailler ensemble » a réitéré Jane Toller. Selon elle, c’était la deuxième fois qu’elle ait dû trancher un vote de la sorte. La première fois serait survenue en huis clos, tandis que cette fois, le vote était public.